L’enfant des TénèbresAzareth est littéralement venu au monde de la magie noire. Quand Nemue a créé les Ténèbres, Azareth est apparu, bébé né de ces Ténèbres, à quelques kilomètres à-peine du tout nouveau caveau du Ténèbreux. Nemue est un peu sa mère, mais elle n’a jamais rien su de son existence. Trouvé par une villageoise émue devant ce bébé qu’elle crut abandonné, il grandit comme un orphelin, adopté par cette jeune femme douce et bienveillante, et son époux, un homme juste et droit.
Très tôt, il se révéla des dispositions pour le mal, au grand dam de ses parents. Il faisait à-peine ses premiers pas qu’ils commençait à malmener les animaux et les autres enfants. Ses parents adoptifs firent tout pour lui inculquer le respect, en particulier envers eux. Ils ne parvinrent qu’à cultiver son art de la dissimulation, de la manipulation et de l’apparence. Azareth apprit très tôt à cacher sa malveillance à tous et à feindre de l’attachement pour cette famille qu’il méprisait par nature.
La cruauté de l’enfant n’avait d’égale que son mépris à l’égard de tous, adultes comme enfant. Solitaire, il passait son temps à arpenter la forêt afin de trouver un moyen de contenter ses sombres instincts. Il sentait déjà alors que son destin n’était pas celui du commun des mortels. Alors que les exploits de la Ténébreuse commençaient à faire leurs échos dans le monde, Azareth se fascina pour ce potentiel qu’il sentait en osmose avec lui. Pourtant, il n’eut jamais le désir de la rejoindre, persuadé que l’on ne pouvait compter que sur soi.
Il manifesta ses premiers dons en brûlant et détruisant plusieurs bosquets au sein de la forêt. Bientôt, il put d’un geste tordre le cou à de jeunes lapins. Il commit son premier meurtre sur un mystérieux voyageur qui parcourait la forêt, vêtu de haillons, seul et misérable. Personne ne le sut jamais car il fit disparaître le corps et sa victime n’ayant pas de famille, personne ne pleura le disparu. Mais il avait découvert le plaisir de tuer.
La voyanteUn jour, ses parents, dans le but désespéré de nouer des liens avec lui, l’emmenèrent au camp d’un groupe de saltimbanques où différents spectacles étaient proposés. Azareth circula sans intérêt pour ce qu’il voyait. Le feu ou les animaux sauvages le fascinaient de par leur aspect brutal et violent. Mais ici, la violence était contrôlée, le danger écarté. C’était ennuyeux pour le malveillant petit garçon. Il se contenta de jeter un œil désolé sur tout jusqu’à ce qu’il tombe sur la roulotte d’une voyante qu’il alla consulter pour tenter de tromper son ennui.
La voyante avait une certaine tendance à en rajouter pour le plaisir du client, mais l’expérience d’Azareth fut assez unique. Elle n’eut pas besoin de faux-semblants car sa présence la mit en transe. Elle lui révéla alors que ses pouvoirs dépassaient ceux de tous les sorciers de ce monde et qu’il connaîtrait la gloire ou le déclin. Elle lui apprit aussi qu’une femme serait le bras de son destin, lui offrant un enfant ou le détruisant. Azareth comprit dès lors qu’il avait un destin exceptionnel et, malgré son jeune âge, il estima de son devoir de le suivre.
La voyante fit conserver la légende d’Azareth parmi celles que son peuple faisaient circuler et ce fut ainsi qu’elle fut transmise de génération en génération, l’histoire devenant si vieille que nul ne savait plus si elle était réelle ou imaginaire. Azareth, lui, malgré son jeune âge, quitta ses parents pour trouver un moyen d’étudier la magie. Il voyagea seul et isolé de tous, faisant croître son pouvoir, jusqu’à atteindre à l’âge adulte, un niveau de maîtrise exceptionnel.
L’oubliAzareth atterrit au plus profond de la Forêt Enchantée, là où nulle âme n’était jamais venue. Des tréfonds de sa magie, il fit jaillir un château gigantesque et totalement magique. Le château pouvait répondre à ses besoins à la manière exacte de ses pouvoirs, et ils se transformait et produisait ce dont il avait besoin, simplement au fil de ce qu’il voulait. Il passa son temps à cultiver ses pouvoirs, à s’entraîner pour être toujours plus puissants, à concevoir des sorts et des potions qu’il transmettait secrètement aux sorciers de ce monde à l’aide d’ouvrages qui apparaissaient mystérieusement entre leurs mains.
Quelquefois, un innocent quidam, pour son grand malheur, tombait par hasard sur le château magique en s’enfonçant et se perdant dans les profondeurs de la forêt. Quand il avait de la chance, il était tué sur-le-champ. Mais parfois, Azareth se servait de lui pour parfaire sa magie et ses expériences et le pauvre hère devenait fou, se mourait dans une lente agonie, ou se voyait transformé et métamorphosé pour les besoins du terrible sorcier, qui s’abstenait de toute pitié ou considération pour ses victimes.
L’heure de gloireLes siècles passèrent, puis les millénaires. Les Ténébreux se succédèrent. Lui demeura caché au fond de la forêt, attendant son heure, ce que la magie devait lui révéler. Il ignorait tout des évolutions de ce monde, il se fichait de ses habitants, pour lui, de simples fourmis qui construisaient un nid qu’il piétinerait un jour de sa grandeur pour le plaisir. Il attendait le signe de la magie qui le conduirait vers cette femme qui lui offrirait son destin, ce pouvoir ultime que rien ne pourrait défaire.
Et un jour, la révélation lui vint. Elle se nommait Rowena Delacroix. Elle habitait dans un autre monde, un monde dépourvu de magie. Azareth devait se rendre dans ce monde, trouver la jeune élue et lui faire porter cet enfant qui lui offrirait le pouvoir de conquérir le monde. Un enfant intouchable ou presque, il ne pourrait pas accélérer sa croissance ou la ralentir, il ne pourrait pas choisir de quoi le doter, mais il pourrait le former et en faire son allié. Il lui faudrait encore de la patience, mais il n’en manquait pas.
Malgré toute sa puissance, toute sa magie, il était soumis à certaines limites, comme tous les sorciers de ce monde. Il ne pouvait aisément voyager entre les mondes. Il allait falloir qu’il regagne le monde des vivants et trouve le moyen de se frayer un chemin jusqu’au pays où vivait cette femme. Il vécut donc quelques temps parmi les humbles mortels, retenant son envie de torturer et de décimer pour trouver les informations qui lui permettraient d’atteindre son but. Il finit par se procurer deux haricots magiques, l’un pour partir, l’autre pour revenir.
Il pénétra dans le monde sans magie, enleva sa proie et la ramena dans son château. L’installant avec soin, dans une de ses chambres, autorisant le château à lui procurer tout ce qu’elle désirait, à l’exception d’un moyen de s’enfuir, il ne s’occupa plus d’elle, sauf quand il essayait de lui faire un enfant.
Un jour, il perçut une anomalie dans la magie et chercha à comprendre ce qu’il se passait. Il voyagea plusieurs jours et constata que les royaumes autrefois séparés ne l’étaient plus. Il finit par estimer que ce n’était pas un problème pour lui, car cela ne changerait rien à ses projets. Mais lorsqu’il rentra au château, Rose ne s’y trouvait plus. Elle s’était enfuie. Azareth se promit de la retrouver et de lui faire payer sa défection et se lança à la poursuite de l’inconsciente fuyarde.